Extrait 1

10/06/2017

Texte :

Madame, (se levant) : Et vous ne disiez rien ! Une voiture. Solange, vite, vite, une voiture. Mais dépêchez-toi. (le lapsus est supposé) Cours, voyons. (elle pousse Solange hors de la chambre) Mes fourrures ! Mais plus vite ! Vous êtes folles. Ou c'est moi qui le deviens. (elle met son manteau de fourrure. A Claire) Quand a-t-il téléphoné ?

Claire, (d'une voix blanche) : Cinq minutes avant le retour de Madame.

Madame : Il fallait me parler. Et ce tilleul qui est froid. Jamais je ne pourrai attendre le retour de Solange. Oh ! Qu'est-ce qu'il a dit ?

Claire : Ce que je viens de dire. Il était très calme.

Madame : Lui, toujours. Sa condamnation à mort le laisserait insensible. C'est une nature. Ensuite ?

Claire : Rien. Il a dit que le juge le laissait en liberté.

Madame : Comment peut-on sortir du Palais de Justice à minuit ? Les juges travaillent si tard ?

Claire : Quelquefois beaucoup plus tard.

Madame : Beaucoup plus tard ? Mais, comment le sais-tu ?

Claire : Je suis au courant, Je lis Détective. 

Madame, (étonnée) : Ah ! Oui ? Tiens, comme c'est curieux. Tu es vraiment une drôle de fille, Claire. (elle regarde son bracelet-montre) Elle pourrait se dépêcher. (un long silence) Tu n'oublieras pas de faire recoudre la doublure de mon manteau.

Claire : Je le porterai demain au fourreur.

(Long silence)

Madame : Et les comptes ? Les comptes de la journée. J'ai le temps. Montre-les-moi.

Claire : C'est Solange qui s'en occupe

Madame : C'est juste. D'ailleurs j'ai la tête à l'envers, je les verrai demain (regardant Claire) Approche un peu ! Approche ! Mais... tu es fardée ! (Riant) Mais Claire, mais tu te fardes !

Claire, (très gênée) : Madame...

Madame : Ah ! Ne mens pas ! D'ailleurs tu as raison. Vis, ma fille, ris. C'est en l'honneur de qui ? Avoue.

Claire : J'ai mis un peu de poudre.

Madame : Ce n'est pas de la poudre, c'est du fard, c'est de la « cendre de roses », un vieux rouge dont je ne me sers plus. Tu as raison. Tu es encore jeune, embellis-toi, ma fille. Arrange-toi. (elle lui met une fleur dans les cheveux. Elle regarde son bracelet-montre) Que fait-elle ? Il est minuit et elle ne revient pas !

Claire : Les taxis sont rares. Elle a dû courir en chercher jusqu'à la station.

Madame : Tu crois ? Je ne me rends pas compte du temps. Le bonheur m'affole. Monsieur téléphonant qu'il est libre et à une heure pareille !

Claire : Madame devrait s'asseoir. Je vais réchauffer le tilleul.

(Elle va pour sortir)

Madame : Mais non, je n'ai pas soif. Cette nuit, c'est du champagne que nous allons boire. Nous ne rentrerons pas. 

Étude de texte :

Dans cet extrait Madame se retrouve face à Claire, Solange étant partie chercher un taxi.

  • Thème de l'urgence illustré par une abondance de gestes, mouvement et une très forte agitation de la part de Madamecalme de Claire + effet d'attente causé par le tilleul non bu
  • Mise en évidence de l'ironie du sort trahison par les objets (le fard de Claire)
  • Évocation du magazine "Détective" sous titré "Le grand hebdomadaire des faits divers" référence au thème du crime + revue dans laquelle a été publiée l' "Affaire des soeurs Papin"
  • Passage à retenir : "Dépechez-toi" → montre la dualité et l'union des Bonnes
  • Fatalité, ironie du sort, destin → tragédie
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