Fiction Auctoriale LP

20/12/2016

Une fiction auctoriale

Dans l'introduction des Lettres Persanes, Montesquieu se dit simple traducteur des lettres. Il affirme que c'est "Les Persans qui écrivent ici étaient logés avec moi (...) Ils me communiquaient la plupart de leurs lettres, je les copiai (...) Je ne fais donc que l'office de traducteur."

Ici, l'auteur présente son livre comme écrit par un autre. Il se protège ainsi de toute censure ou critique. Il affirme "C'est assez des defaults de l'ouvrage, sans que je présente encore à la critique ceux de ma personne."

L'auteur établit ainsi une distance entre lui et son oeuvre, les idées qu'elle contient ne sont pas les siennes mais celles de Persans. Il n'est que simple traducteur.

"L'usage à permis à tout traducteur (...) d'orner la tête de sa version (...) je ne l'ai point fait."

Il justifie le fait que le texte énonce en détail la culture Européenne malgré qu'il ai été rédigé par des Persans par leur voyage. "Il y a une chose qui m'a souvent étonné : c'est de voir ces Persans quelquefois aussi instruits que moi même des moeurs et des manières (...) j'attribue cela au long séjour qu'ils ont fait ". Cette phrase donne plus de vraisemblance au sujet de l'auteur du texte. Ainsi il explique pourquoi les Persans semblent tant éclairés et écarte toute forme de doutes. Mais Montesquieu en fait trop, cela paraît invraisemblable, il se justifie trop.

La présence d'un "je" anonyme dans l'introduction nous questionne sur l'identité du scripteur. En effet le texte n'est pas signé et l'oeuvre est publiée anonymement. L'auteur se détermine comme "une homme grave", "un confident", "un copiste", "un traducteur".

Le lecteur est évoqué par le pronom "on" et par la 3ème personne "lui" : "on le lira", "on en devinera", "le lecteur", "le public", "lui"

Par sa préface, Montesquieu tente de capter l'attention du lecteur, d'éveiller sa curiosité. Ce texte est une fiction auctoriale, Montesquieu invente des personnages "Les persans".

Il fait également preuve d'une grande humilité en dévalorisant son ouvrage "je ne me soucie pas qu'on le lise" , "les défaults de l'ouvrage", "pas digne d'un homme grave". Il refuse de faire l'éloge de son oeuvre, carctérisant sa préface d'"ennuyeuse".

Pour Antoine Adam, Montesquieu propose ses Lettres Persanes comme un roman afin de donner moins d'importance aux propos véhiculés pas l'oeuvre. Si le texte est une fiction, ce qui y est dit n'est pas grave.

C'est la dimension satirique et politique qui choque. Les Lettres Persanes font référence à l'actualité de l'époque (mort du roi, régence, fin de la polysynodie, système de Law, exil du parlement) Les dernières lettres sont contemporaines de la publication puisqu'elles sont datées de 1720 (roman publié en 1721)

Montesquieu utilise date ses lettres selon le calendrier Musulman (Zicaldé, Zilhagé, Maharram, Saphar, Rebiab1, Rebiab2, Gemmadi1, Gemmadi2, Regheb, Chahban, Rhamazan, Chaval)

Ce calendrier typiquement persan renvoie à l'exotisme, orientalisme de l'oeuvre. Cette spécificité semble parfaitement maîtrisée par l'auteur qui réalise avec brio la chronologie de son oeuvre.

Il précise tout de même la correspondance avec les années chrétiennes afin de ne pas perdre son lecteur.

Pour renforcer cette idée de réalisme et d'exotisme, l'auteur décide d'utiliser des noms étrangers tels qu'Usbek, Rica, Zachi, Zélig.. Il parle des sérails, des eunuques, des moeurs orientales qui fascinent et font fantasmer les européens. Il utilise une language extrèmement gazé (language très imagé). Et utilise un vocabulaire tout aussi exotique (dervis pour prêtre, mosquée pour église, coran pour bible etc..)

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