La Vie Heureuse, Sénèque
Le traité de La Vie Heureuse s'attache à définir le bonheur selon la sagesse stoïcienne, en opposition aux doctrines épicuriennes
Texte :
V. 1. On peut appeler heureux (puisque je me suis mis à traiter la question abondamment) celui qui n'a ni désir ni crainte grâce à la raison ; car les pierres sont exemptes de craintes et de tristesse, les bêtes également ; on ne saurait pourtant parler de félicité chez ce qui n'a pas la notion de la félicité. 2. Mets sur la même ligne les hommes qui ravalent au rang des bêtes et des êtres inanimés leur intelligence et leur ignorance d'eux-mêmes. Il n'y a aucune différence entre eux et ces êtres, puisque chez ceux-ci la raison est absente, chez ceux-là elle est faussée et ingénieuse seulement à leur nuire et à les pervertir ; car personne ne peut être dit heureux s'il est chassé de la vérité. 3. Donc la vie heureuse a pour fondement immuable la rectitude et la fixité du jugement. Alors, en effet, l'âme est pure et affranchie de tous maux, capable d'éviter non seulement les déchirements, mais aussi les égratinures, décidée à se tenir toujours au point où elle s'est arrêtée et à défendre sa position même contre les fureurs et les assauts de la Fortune. 4. Pour ce qui est de la volupté, elle a beau se répandre partout, s'insinuer par toutes les voies, flatter l'âme de ses caresses, entasser attrait sur attrait pour séduire tout ou partie de notre moi ; qui parmi les mortels, s'il a encore quelque reste de sa nature d'être humain, voudrait être chatouillé jour et nuit et abandonner l'âme pour se consacrer au corps ?
VI. 1. Mais aussi, dit-on, aura ses voluptés. - Qu'elle les ait, j'y consens ; qu'elle se pose en juge du luxe et des voluptés ; qu'elles se gorge de toutes celles qui charment habituellement les sens, puis qu'elle jette un coup d'oeil sur le passé et qu'au souvenir de ses voluptés abolies elle s'enivre des sensations éprouvées, puis qu'elle se penche déjà sur celles qui vont suivre, qu'elle bâtisse des plans, et, tandis que le corps baigne dans sa graisse présente, qi'elle porte ses pensées sur celle à venir : elle me paraîtra d'autant plus misérable ; car choisir un mal pour un bien, c'est folie.On ne peut être heureux sans la saine raison, ni sain d'espritn quand on recherche comme bonnes des choses futures. 2. Donc être heureux c'est avoir un jugement droit ; être heureux c'est se contenter de son sort présent, quel qu'il soit, et aimer ce que l'on a ; être heureux, c'est laisser à la raison le soin de donner son prix à tout ce qui constitute notre existence.
Etude de texte
Sénèque distingue dans son texte le corps et l'âme.
Âme > Corps
L'Homme se distingue des animaux/minéraux par sa raison → lui permet d'atteindre la félicité
Il ne faut avoir aucune passion, aucun désir, se méfier des plaisirs et de l'imagination → car ils rendent misérable
→ C'est une vision austère du bonheur
Le sage est celui qui sait résister. Il faut écouter sa raison et se contenter de ce que l'on a :
Dans la maladie et dans la souffrance, il faut être heureux, accepter le malheur pour atteindre le bonheur.
Être heureux, c'est se contenter de son sort présent
- Sénèque